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. Vingt ans qu’il
est mort : c’est bien l’heure du pardon !
Pour fêter
l’anniversaire, on ressort tous les films d’époque ; nous
avons ainsi revu
ensemble “Jimi
plays Monterey” En voilà un autre costume de scène qu’il
était beau !
Et qui mérite
autant que celui de Woodstock d’être décrit. Mais il faut
rappeler avant
tout : Monterey,
c’est une date dans l’histoire d’Hendrix. 1967, son premier
concert
aux États
Unis (Américain, Hendrix avait débuté sa carrière
en Angleterre et, depuis
moins d’un
an, y raflait tous les enthousiasmes – voilà ce qu’il te
faut dire ; tu crois
peut-être
que tout le monde connaît cela par coeur ?). Monterey, donc, premier
grand
festival ; Hendrix
veut – et va – marquer un grand coup. Tout y passe : solo avec
les
dents, guitare
derrière la tête, par-dessus la jambe, les roulades, les grimaces...
Sans
parler des scènes
“suggestives” que tu évoquais plus haut : caresses de manche
de
Fender et de
manette de vibrato en trente-deux positions, feed back et larsen
haletants, furieux
coups de reins contre les colonnes d’amplis et, apothéose, cette
ridicule burette
d’essence tenue à hauteur du bas-ventre qui crachote quelques
gouttes sur le
feu de planches de la guitare ; tu as bien mauvais jeu d’accuser
aujourd’hui
les exégètes hendrixiens (dans ton genre) de manier le cliché
quand ils
débusquent
à nouveau le sexe-Stratocaster. Je lis ainsi dans une revue pour
guitaristes :
“au lit, avec chacune de ses femmes, il y avait la guitare sous la
couverture”
(au service militaire, c’était mon fusil qu’on me faisait
placer sous les
couvertures ;
je trouvais ça plus gênant qu’érotique) ; on imagine
en tous cas les
démangeaisons
des petits disciples blancs au mot “chacune” et leur guitare,
imitation japonaise
de celle du maître, qui, doucement, se soulève.
Je reviens au
costume : en plus des ornements divers à peu près identiques
à ta
description (mais en plus dorés et avec un bandeau dans les cheveux),
Hendrix monte
sur scène le cou entoure d’une fraise
(ou d’un boa ?) rose. Cela lui donne un
invraisemblable “look”
à la Toulouse Lautrec et me rappelle la phrase (qui disait
cela d’ailleurs
?) : “Pour qu’un noir puisse être accepté par le
public des blancs, i1
fallait d’abord
qu’il se déguise comme un clown”.
Pour en revenir à
ton propos, tu auras du mal à me convaincre que Prince, ou même
Madonna, ne sont pas
=
A - aussi beaux, bien
habillés et glamourous que Hendrix à son époque.
ou B - aussi ridicules
que lui.