11 . Vingt ans qu’il est mort : c’est bien l’heure du pardon !

Pour fêter l’anniversaire, on ressort tous les films d’époque ; nous avons ainsi revu

ensemble “Jimi plays Monterey” En voilà un autre costume de scène qu’il était beau !

Et qui mérite autant que celui de Woodstock d’être décrit. Mais il faut rappeler avant

tout : Monterey, c’est une date dans l’histoire d’Hendrix. 1967, son premier concert

aux États Unis (Américain, Hendrix avait débuté sa carrière en Angleterre et, depuis

moins d’un an, y raflait tous les enthousiasmes – voilà ce qu’il te faut dire ; tu crois

peut-être que tout le monde connaît cela par coeur ?). Monterey, donc, premier grand

festival ; Hendrix veut – et va – marquer un grand coup. Tout y passe : solo avec les

dents, guitare derrière la tête, par-dessus la jambe, les roulades, les grimaces... Sans

parler des scènes “suggestives” que tu évoquais plus haut : caresses de manche de

Fender et de manette de vibrato en trente-deux positions, feed back et larsen

haletants, furieux coups de reins contre les colonnes d’amplis et, apothéose, cette

ridicule burette d’essence tenue à hauteur du bas-ventre qui crachote quelques

gouttes sur le feu de planches de la guitare ; tu as bien mauvais jeu d’accuser

aujourd’hui les exégètes hendrixiens (dans ton genre) de manier le cliché quand ils

débusquent à nouveau le sexe-Stratocaster. Je lis ainsi dans une revue pour

guitaristes : “au lit, avec chacune de ses femmes, il y avait la guitare sous la

couverture” (au service militaire, c’était mon fusil qu’on me faisait placer sous les

couvertures ; je trouvais ça plus gênant qu’érotique) ; on imagine en tous cas les

démangeaisons des petits disciples blancs au mot “chacune” et leur guitare,

imitation japonaise de celle du maître, qui, doucement, se soulève.

Je reviens au costume : en plus des ornements divers à peu près identiques à ta

description (mais en plus dorés et avec un bandeau dans les cheveux),

Hendrix monte sur scène le cou entoure d’une fraise (ou d’un boa ?) rose. Cela lui donne un

invraisemblable “look” à la Toulouse Lautrec et me rappelle la phrase (qui disait

cela d’ailleurs ?) : “Pour qu’un noir puisse être accepté par le public des blancs, i1

fallait d’abord qu’il se déguise comme un clown”.

Pour en revenir à ton propos, tu auras du mal à me convaincre que Prince, ou même

Madonna, ne sont pas =

A - aussi beaux, bien habillés et glamourous que Hendrix à son époque.

ou B - aussi ridicules que lui.

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